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Egalité et justice |
Deux valeurs essentielles L'égalité et la justice sont, chacun en conviendra, deux notions importantes dans les rapports entre les êtres humains. Que ce soit dans la Déclaration des Droits de l'Homme ou dans tous les principes républicains, ces mots sont plus qu'emblématiques. Il faut pourtant en avoir le souci permanent si on ne veut pas risquer de s'en éloigner à son insu. Qu'en advient-il au Dojo ? Un des principes soulignés dans notre Charte est le traitement équitable des pratiquants, quels que soient leur origine, leur statut social, leur confession, etc. Ceci est une base saine et paraît à l'évidence incontournable. Mais il faut aller tout de même encore un peu plus loin dans cette recherche. Comme tout individu, nous ressentons spontanément des affinités avec certains, comme nous pouvons également éprouver un sentiment d'éloignement ou d'inimitié par rapport à d'autres La raison en est souvent subjective et irrationnelle, mais le résultat est bien là, nous constatons que nous avons quelque part nos "préférences", bien que nous voudrions parfois nous en défendre. Si ceci est compréhensible dans la vie courante - on peut difficilement "aimer tout le monde", on est amené à gérer son comportement pour pouvoir cohabiter et communiquer avec toutes les personnes. En revanche, au Dojo, il faut parvenir à gommer tout ressenti subjectif vis-à-vis des partenaires, afin de créer un état d'esprit "empathique", que l'on appelle également "neutralité bienveillante". Ceci permet de s'entraîner sans arrière-pensée, avec sincérité et détermination, en pensant "partenaire" plutôt que "adversaire". Les experts en Arts Martiaux disaient, même si ceci peut nous sembler surréaliste, qu'il fallait "aimer" son ennemi si on voulait pouvoir survivre en le tuant. La haine, la colère, l'esprit de revanche ou de domination, sont de mauvais conseillers, qui envahissent et polluent notre mental, empêchant d'avoir le geste limpide "sans intention", en éliminant la force consciente. Et l'enseignant, alors ? Cet état d'esprit est encore plus important pour l'enseignant vis-à-vis de ses élèves. Quelles que puissent être ses préférences, il doit absolument produire une attitude totalement équitable vis-à-vis de tous ses élèves, que ceux-ci soient forts ou maladroits, lents ou agiles, vieux ou jeunes, etc. La notion de "chouchou" est la pire qui puisse venir infester une salle d'entraînement, bien plus encore que dans les écoles et les collèges. L'attitude juste et objective doit se manifester dans les explications, les exigences comme les tolérances, les examens de grade, et, d'une façon générale, dans l'attention que l'on produit envers chaque pratiquant. Tout geste ou parole d'agacement doivent être impérativement bannis. L'appel à un élève pour expliquer et présenter un exercice doit être dicté, non pas par une affinité personnelle ou émotionnelle, mais par le souci que la démonstration ait la meilleure qualité pédagogique possible, le but étant que chacun comprenne rapidement et passe lui-même à la pratique. Même si, en général, l'usage fait choisir l'un des plus haut gradés, il ne doit y avoir aucune forme d'élitisme ou de connivence entre cet élève et l'enseignant. C'est à ce prix que le fragile édifice de l'état d'esprit régnant au sein du Club pourra être construit, séance après séance, saison après saison. |
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