DOSSIERS TECHNIQUES
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Réflexions sur les "tests de grade"

Toute épreuve - au sens d'un test ou d'un examen - fait réagir les personnes de façon différente. Certaines sont relativement sereines, d'autres au contraire extrêmement perturbées, ce qui se traduit par des réactions d'excitation, de peur, de fébrilité. et d'autres encore.

On peut se demander le pourquoi de telles attitudes. Tout d'abord, il faut distinguer les évènements qui vont conditionner la suite de l'existence de manière concrète importante, comme par exemple un examen universitaire ou un test d'aptitude professionnelle. Il est clair que la réussite ou l'échec auront un impact tel que le candidat y aura un moyen matériel évident de se positionner dans l'échelle sociale ou, tout simplement, de pouvoir assurer sa subsistance et celle d'une famille éventuelle.

En revanche, il est des situations qui n'auront aucun impact direct sur le plan matériel, mais ne seront qu'une satisfaction personnelle. Elles ne relèvent que de choix librement consentis, sans obligation d'aucune sorte. Parmi de telles épreuves, on peut inclure les tests ou examens de grade en Karaté (Kyu-tests et Dan-tests).

Mais même dans le premier cas, la filière qu'on entreprend de suivre est une forme de choix, tout au moins dans la spécialité ou le type de métier que l'on voudrait exercer.

Alors, que craint-on ? Que voit-on dans la réussite ou l'echec ? La démarche est-elle purement matérielle ?

Comme il a été souligné aux candidats, le test est avant tout une marque de confiance réciproque entre l'enseignant (le mot "juge" se voudrait trop sévère), dans la mesure où le pratiquant montre sincèrement l'état de sa progression, et l'enseignant lui donne en retour son avis le plus objectif par rapport à certains critères.

C'est également un moment où le "candidat" doit se faire confiance à lui-même, assumer sa préparation et son niveau réel, ne pas vouloir "paraître" en espérant décrocher un Kyu de plus, ni non plus être paralysé par la peur d'une erreur en Kihon, d'un oubli en Kata, d'une faiblesse en Kumité.

Si certains principes "techniques" de base doivent rester intangibles dans la notation, tous les candidats ont pu constater qu'il y avait tout de même place pour l'erreur, le stress, l'hésitation. Que la note attribuée n'est pas nécessairement fonction d'une géométrie ou d'un stéréotype, mais aussi et surtout par le ressenti des valeurs morales et mentales émanant du pratiquant, qui témoignent de sa capacité à faire face à toute situation de l'existence, et, avant tout, à se faire face à soi-même.

Lorsqu'un(e) encore jeune pratiquant(e), naturellement ému(e) par l'évènement auquel on confère volontairement un cérémonial de circonstance, se trompe dans son Kata, mais affronte les yeux dans les yeux le jury en demandant spontanément l'autorisation de recommencer, avec la même flamme que celle qu'on lit dans ses yeux pendant des "Kiba Dachi" interminables à l'entraînement, on se dit qu'on à réussi quelque part à faire passer les messages que nos anciens ont cherché à nous inculquer à nous-mêmes. Et il va sans dire que le Kyu accordé est à l'avenant de cette attitude.

Si l'opinion que l'on a de soi-même est certes importante, il y a des moments où le souci de notre image devient notre pire ennemi. Il faut parfois "savoir s'oublier" pour ne pas être pollué par l'obsession permanente du "qu'en dira-t-on" ou du "que va-t-on penser de moi", ou encore du "que va-t-il m'arriver". Le "non-vouloir", ainsi que l'élimination de la pensée - négative, sont les moyens à mettre en oeuvre pour progresser vers l'état de "force inconsciente", lequel constitue l'aboutissement suprême recherché et prôné par Maître Tsutomu OHSHIMA lui-même.

Pensons-y lors de nos entraînements et de nos futurs tests...

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