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Bien utiliser ses hanches |
Thème technique classique battu et rebattu, s'il en est, les hanches jouent le rôle essentiel dans notre technique. Mais a-t-on vraiment tout dit ? Plus bas, toujours plus bas Dès les premiers instants de la pratique, la recommandation constamment faite au pratiquant est d'abaisser son centre de gravité, donc descendre les hanches le plus possible. Ce qui s'accompagne d'un travail musculaire important au niveau des jambes et des articulations du genou et de la cheville. Mais au fait, pourquoi descendre ? Des photos documents montrent Maître FUNAKOSHI presque debout en exécutant les Tekki - ses Kata favoris, ainsi que d'autres techniques. A l'inverse, le Shotokaï écrase pratiquement les postures jusqu'à frôler parfois le sol. Pourtant, que ce soit Maître EGAMI ou Maître OHTSUKA, fondateur du Wado-Ryu, et beaucoup d'autres, tous étaient élèves directs de Gichin FUNAKOSHI. Une explication simple m'a été suggérée par l'un de mes propres professeurs, qui tient juste en ceci : en situation critique ou réelle, la tendance inconsciente sera (malheureusement) de se relever, or l'ascendant est pris par celui qui descend son centre de gravité SOUS celui de son adversaire. Il n'y pas grand chose à ajouter. Il faut seulement travailler, et j'ajouterai une "astuce" qui facilite le travail : plutôt que de se focaliser sur la flexion des jambes, et indirectement sur la crispation pénible des muscles des cuisses, pensons seulement à relâcher les épaules et nous laisser tirer vers le bas par notre ventre, glissant ainsi le long de l'axe "ciel-terre", emmagasinant l'énergie - le "Ki" - dans notre caisson abdominal, technique bien connue des experts de T'ai-Qi, Qi-Kong, etc. Rotation - oui, mais pas uniquement ! Autre leitmotiv entendu universellement, la rotation des hanches. En prenant pour exemple pilote le "Gyaku Tsuki", on explique que la rotation de la hanche agit comme une fronde, libérant l'énergie par force centrifuge. Ceci n'est pas fondamentalement faux, bien sûr. Mais ce n'est pas suffisant, loin s'en faut. Examinons une façon de faire Gyaku Tsuki (Chudan), à partir de la posture Kiba Dachi. On l'appelle alors "Sokumen", comme dans le Kata "Gankaku" par exemple. Certains experts, dont Maître Tsutomu OHSHIMA, affirment - et démontrent irréfutablement - que c'est la façon la plus efficace de faire Gyaku Tsuki, et y consacrent une part importante du travail basique. Ceci est réalisé par une connexion complète de la jambe arrière, ainsi qu'un engagement LINEAIRE de la hanche dans la direction du Tsuki, en plus de la rotation du bassin et du buste, sans affaiblir la posture. La réalisation vraiment juste est très difficile, mais la recherche de la sensation profonde est subtile, et l'éprouver fera faire des progrès techniques considérables. Simplement dans la direction de l'attaque... Si on étend ce qui précède aux postures telles que Zen Kutsu ou Fudo Dachi (à moindre dose Ko Kutsu), on doit appliquer les mêmes considérations. A savoir que le Kime s'obtient en engageant le hanche vers l'AVANT, bien plus que de se soucier de sa rotation. Ceci peut susciter des interrogations légitimes, voire des controverses. Mais il est évident de dire que toute technique doit s'accompagner de l'engagement de la hanche dans le même sens. Or on distingue le "longitudinal" et le "circulaire", et il ne devrait pas y avoir de "panachage" des deux, ceci étant physiologiquement incohérent. C'est pourquoi, même en Gyaku Tsuki, pensons à pousser la hanche vers l'avant, sans spécialement chercher à tourner le buste et les épaules autour de l'axe du corps. Et on s'aperçoit que l'allonge - et la pénétration - de la technique est plus grande, ainsi que la stabilité et la faculté d'enchaîner. En fait, on respectera ainsi l'enchaînement de le projection vers l'AVANT du mental, de l'expiration, du geste, en fonction du principe essentiel d'homogénéité "Ki-Ken-Taï". |
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