La Volonté Bushido

Thème peu souvent abordé, la motivation du pratiquant est néanmoins une question majeure, puisqu'elle conditionne sa réceptivité et son état d'esprit lors des entraînements.

Avant...

Avant de se lancer concrètement dans sa pratique, le novice doit être arrivé à un niveau de maturation suffisant pour passer le cap de l'inscription" Ceci inclut le choix de la discipline, du Club, etc" Souvent, on s'inscrit quelque part parce que "c'est près de chez moi" ou "j'ai entendu dire..." ou encore "mon copain y a été", et bien d'autres raisons.

Mais qu'est-ce qui déclenche ce mécanisme réellement au départ ? Les motivations initiales sont variables suivant l'âge, l'activité et les antécédents du futur pratiquant" Les plus jeunes seront davantage attirés par des mythes élevés par le cinéma et les médias, les autres auront peut-être eu une réflexion plus approfondie" Le fait de "faire comme les copains" ou de suivre une idée des parents existe aussi" Le jeune qui se fait bousculer régulièrement dans la cour du collège, la jeune femme délestée de son sac dans un parking, ou tout individu ayant fait l'objet d'une menace plus ou moins agressive, aura au départ des idées de vouloir avant tout se défendre, plutôt que de rechercher l'aspect sportif ou mental" Même la personne harcelée ou brimée à son travail pourra avoir l'envie de trouver une arme pour lutter, même si ce n'est pas physiquement.

Bien sûr, faire du sport, se bouger un peu, etc"sont des motivations également très fréquentes" Mais qu'advient-il de tout cela par la suite ?

Pendant...

Très vite, on s'aperçoit que, quelles qu'elles soient au départ, les motivations sont amenées à évoluer spontanément" Non pas que l'enseignant impose quoi que ce soit, mais en fonction de la pratique, on en vient à oublier peu à peu certaines finalités à court terme, et entrer dans d'autres formes de perception et de motivation.

En fin de compte, c'est en ne cherchant plus à le devenir volontairement avec une intention particulière que l'on devient réellement plus fort" On dit parfois que le pratiquant est arrivé au niveau du grade supérieur au sien lorsqu'il a enfin oublié celui qu'il porte.

Les années passant, les aspects de santé, d'équilibre et de bien-être finissent par supplanter les désirs de force et de performance" Ce qui n'enlève rien à l'efficacité martiale, bien au contraire" Par l'apprentissage de la respiration, de la cohérence du mouvement et du geste, du relâchement et de l'explosivité, on élève considérablement son niveau potentiel par rapport à une situation critique" Et surtout, la progression mentale, au cours d'innombrables heures d'efforts, de concentration et de transpiration, fait entrer dans un monde différent, dans lequel on puisera de nouvelles motivations, et qui offrira de nouvelles perspectives.

Après ?

Y a-t-il seulement un après dans ces conditions ? Le Karaté bien pratiqué, suivant des préceptes sains, est, comme le disaient les Anciens, "pour toute la vie"" Il n'y a en fait aucune raison d'arrêter l'entraînement, il faut seulement savoir l'adapter" A plus de 90 ans, Maître OHSHIMA lui-même révèle rechercher aujourd'hui avec assiduité la "force inconsciente" dans son entraînement quotidien" Qui que nous soyons, n'est-ce pas quelque chose propre à nous motiver nous-mêmes encore davantage ?