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Le "meilleur" Art Martial ? |
Bonne ou mauvaise question ? Sans calembour aucun, nous dirions que ce n'est pas là la "vraie" question. En d'autres termes, cette question apparente en cache d'autres, conscientes ou non.
Celui qui la pose voudrait en fait savoir si, grâce au choix qu'il a fait et dont il pense évidemment - c'est humain - que c'est le "bon" choix, il sera meilleur que celui qui aura fait un choix différent... Un bénéfice automatique, en quelque sorte, qui va lui donner des longueurs d'avance sur les autres qui, eux, se sont probablement fourvoyés. Et on peut même dire qu'il ne cherche pas vraiment à savoir, ni à douter, mais au contraire à se conforter dans l'idée qu'il a pensé juste et vrai, donc sans possibilité de remise en question. Qui est le plus fort : la pratique ou le pratiquant ? Il est assez confortable (et flatteur pour l'ego) de pouvoir s'en remettre à sa propre forme de pratique pour se dispenser d'un surcroît d'effort à l'entraînement, ainsi que d'une démarche empreinte d'humilité, autrement dit à l'opposé de ce l'on voudrait pourtant nous enseigner. Cette attitude est la manifestation flagrante d'une forme d'immaturité, parfois tolérable lorsqu'il s'agit de très jeunes pratiquants, beaucoup moins lorsqu'on entre dans l'âge adulte, ce qui devrait correspondre à une avancée dans la pratique des Arts Martiaux. Si une telle chose était vraie, cela "se saurait", comme on dit, et il est probable qu'il n'existerait très vite qu'une seule forme de pratique, les autres étant vite abandonnées, et délaissées pour le seul usage de quelques rêveurs ou charlatans. Il se trouve au contraire qu'il il y aujourd'hui floraison de styles, d'écoles, de formes, de variantes, etc., et que, probablement, ceci a une raison d'être quelque part aux yeux de chaque adepte. Connaissez-vous l'éventail ? Parmi les adeptes des Arts Chinois, mais également des autres, qui ne s'intéressent pas uniquement à la "technique des coups frappés", certains connaissent l'Art de l'Eventail. L'éventail est un objet bien connu, utilisé a priori principalement par les femmes, et souvent considéré par le profane comme une marque de sophistication, de snobisme désuet, en deux mots comme un petit accessoire de toilette futile, voire superflu.
Et pourtant, je déconseillerais aux "convaincus de leur style" d'aller se mesurer aux femmes passées expertes dans l'Art du maniement de cet objet. Avant même d'esquisser leur technique favorite, ils seraient mis hors de combat d'un simple geste imperceptible du poignet. Dans les cas extrêmes, où les femmes devaient défendre leur vie ou leur vertu - ce qui revenait pratiquement au même, une femme déshonorée devant faire, suivant la terminologie japonaise, "seppuku" (suicide) avec son "tanto" (poignard court) - l'éventail permettait de trancher articulations, muscles, gorge, carotide, etc., ou encore de piquer les yeux de l'agresseur, mais également de brouiller sa vision du combat lorsqu'on le deployait. Bien que l'Eventail ne fasse pas partie des "18 armes du Wu-Shu", son apport est aujourd'hui admis en tant que complément énergétique ou kinésique du T'aï Qi ou du Qi Gong par exemple, qui contribue à l'équilibre général. Moins dire - mieux faire ... La morale de cette réflexion n'est pas l'apologie de l'Eventail, ni d'ailleurs de quelque Art Martial que ce soit en particulier. Elle dit simplement qu'il n'y a qu'un seul moyen pour être "meilleur", c'est dominer son propre ego en s'entraînant avec sincérité, quel que soit l'Art que l'on pratique. Sachons bien qu'il y a toujours moins fort et plus fort que nous-mêmes, et c'est heureux, sinon comment progresserions-nous sans l'aide de nos partenaires ? Il n'y a pas de bon ou de mauvais choix, il n'y a que de bons ou de moins bons pratiquants. Que certains Arts Martiaux soient plus adaptés que d'autres à la morphologie, la personnalité, les motivations propres à une personne donnée, ceci est indiscutable et il est recommandé d'en tenir compte. Mais celui qui pratique dans l'esprit et dans l'humilité sera plus fort que celui qui vit dans le souci permanent de la comparaison et de la suprématie. Indépendamment de l'Art Martial pratiqué, la route est ouverte de façon égale à chacun pour se surpasser et se vaincre chaque jour davantage par le seul fait et au bénéfice de sa force intérieure. |
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