Patrick MOTTET Godan, Shihan SSK
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Shotokan par-ci, Shotokan par-là, combien de fédérations, de dojos fleurissent sous cette bannière proposant tout et son contraire à des débutants déconcertés.
Au-delà des divergences, dirigeants et experts s’accordent sur la définition du vocable et sur le fait qu’aucun groupe ne détient le monopole de cette célèbre école.
Signification du terme Shotokan :
Shotokan fait référence à Maître Gichin Funakoshi, fondateur du karaté-do moderne, dont « Shoto » était le nom de plume. Au sens littéral « Shoto » signifie « vagues de pins » et « kan » se traduit par « maison ».
A ce propos, extrait d’une citation de Maître Funakoshi : «…Pour atteindre la paix mentale qu’exige le karaté-do, le meilleur moyen me semblait être d’apprécier ma solitude en écoutant le vent bruisser à travers les pins. Comme ceci est devenu une part importante de ma vie depuis ma plus tendre enfance, je décidais qu’aucun nom ne pouvait être mieux choisi pour signer mes poèmes. Au fil des ans, ce nom devint plus connu que celui que m’avaient donné mes parents, et souvent j’ai réalisé que si je n’écrivais pas Shoto à côté de Funakoshi, les gens ne savaient pas qui j’étais. »
Quand, en 1936, un dojo est construit à Tokyo, celui-ci est nommé Shotokan (la maison de Shoto). C’est ainsi que le terme Shotokan, choisi pour désigner un dojo, passera à la postérité comme l’expression du karaté-do selon la conception de Maître Gichin Funakoshi.
Shotokan et ses divers courants :
Détruit par un raid aérien en 1945, le dojo Shotokan ne sera pas reconstruit. Après la guerre, Maître Funakoshi poursuivra son enseignement dans les dojos universitaires ouverts au début des années trente déjà. Plusieurs pratiquants, issus de diverses universités, bénéficieront de ses cours et, fonderont, à partir de 1957, date du décès de Maître Funakoshi, qui des associations, qui des fédérations, qui des groupes se réclamant de la filiation Shotokan.
Le Shotokan de Maître Tsutomu Ohshima :
Né le 6 août 1930, Maître Ohshima entre à l’université de Waseda à Tokyo en 1948 où il poursuit des études d’économie jusqu’en 1953. Il y étudie aussi le karaté-do directement sous la férule de Maître Funakoshi. En 1952, nommé capitaine de l’équipe de karaté de l’université de Waseda, il invente les premières règles de compétition. En 1955, il s’installe en Californie où il crée l’association Shotokan Karaté of America. Suivront notamment France Shotokan, Canada Shotokan, Israël Shotokan, Maroc Shotokan, Espagne Shotokan, Grèce Shotokan, Allemagne Shotokan, Belgique Shotokan, Hollande Shotokan, Japon Shotokan et Suisse Shotokan, pour ne citer que les principales associations.
Depuis des décennies, Maître Ohshima s’évertue à ne pas changer le mode d’entraînement qu’il a reçu de Maître Funakoshi. Cette orthodoxie se retrouve dans la traduction en anglais du livre de son Maître « Karaté-do Kyohan » et pour laquelle il consacra une dizaine d’années.
Maître Ohshima insiste sur les rapports étroits qui doivent se nouer entre seniors et juniors, les premiers montrant la voie par l’exemple, le tout empreint de respect mutuel.
Le stage spécial caractérise le Shotokan transmis par Maître Ohshima. Quatre jours durant, les stagiaires, suivant un programme quasi immuable, s’entraînent intensément plusieurs heures par jour, cherchant à se dépasser et à repousser leurs limites. Ce n’est qu’au terme du stage spécial que les candidats au grade de la ceinture noire sont autorisés à se présenter à l’examen.
« Se juger avec sévérité », « gagner contre soi-même », « éliminer ses blocages mentaux », « essayer de faire de son mieux », un florilège des leitmotive utilisés par Maître Ohshima. Une façon également de rechercher l’authenticité de l’Homme.
Maître Ohshima vit actuellement à Santa Barbara en Californie, à proximité du dojo central construit par ses élèves.
Patrick Mottet
20.06.2012
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